LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 23 février 2018

« Il gèle sur la ferme France », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !



En matière de politique agricole, Emmanuel Macron marche sur des œufs. L’an dernier il en avait un sur la tête. Il se fait fort, cette année, d’arpenter les allées du Salon  de l’agriculture en battant le record de la journée la plus longue passer à tâter le cul des vaches. Ou des poules. Face à la colère des agriculteurs, dont un tiers gagne moins de 350 euros par mois, et à la méfiance des consommateurs sur la qualité de l’alimentation, le président de la République a promis un « printemps agricole ». Pour l’heure, il gèle encore sur la ferme de France. Le « prix juste » pour les producteurs était annoncé comme « l’étape de base ». Mais la grande distribution écrase de sa puissance les négociations en cours. Au bout de la chaîne, les paysans restent les dindons de la farce.

Devant 700 jeunes agriculteurs, invités à l’Élysée pour l’occasion, le chef de l’État a piétiné le champ de toutes ses incohérences, de l’annonce d’un plan « ambition bio », quand les aides sont supprimées, à la coexistence de plusieurs modèles, quand l’étalon productiviste conduit à la malbouffe et aux scandales alimentaires. « L’industrie ou les paysans, il faut choisir », interpellent les éleveurs, mobilisés depuis plusieurs semaines contre l’accord de libre-échange qui se négocie entre l’Europe et les pays latino-américains du Mercosur. Ils posent la vraie question. Et le problème est moins de jurer que jamais « il n’y aura jamais de bœufs aux hormones en France » que d’empêcher une concurrence déloyale qui inonde le monde d’aliments low-cost et nourrit la spéculation sur les matières premières.

En matière d’alimentation, le flou n’est plus de mise. Il faut repenser un modèle durable permettant de nourrir mieux un plus grand nombre d’habitants. Contrairement à la logique de la PAC, les aides financières doivent favoriser la transition vers le développement d’une agriculture fermière, écologique, créatrice d’emplois et de bien-être social. Au pays de la gastronomie, la revendication d’un droit au bien-manger pour tous est encore un objet de lutte.

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