LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 12 janvier 2018

«Contre-feux ! Le nouvel épouvantail « illibéral » (Maud Vergnol)



« Illibéralisme », Emmanuel Macron a utilisé plusieurs fois ce terme lors de ses vœux  à la presse. « Plusieurs régimes politiques sont tentés par l’illibéralisme politique, et à chaque fois c’est évidemment la presse qui est la première menacée », a – t – il  affirmé. Pourquoi brandir soudainement ce terme jusqu’à présent absent des discours politiques ? 

Le président de la République qui a déjà importé une série de concepts anglo-saxons dans le débat public, connaît trop bien la valeur des mots pour l’avoir choisi sans arrière-pensée politique. « L’illibéralisme » est en effet un concept introduit dans les années 1990 pour désigner ces régimes démocratiques sur le papier, parce qu’ils tirent leur légitimité d’élections réelles, mais qui musellent la démocratie et remettent en cause les libertés individuelles. 

Emmanuel Macron désignait donc, avec ce terme, le premier ministre hongrois Viktor Orban, ou le turc Recep Tayyip Erdogan. Alors pourquoi ne pas parler tout simplement de dérives autoritaires ? Sans aucun doute parce que le concept « d’illibéralisme », présente un autre avantage : discréditer toute alternative au libéralisme économique, sur lequel est savamment entretenue la confusion avec le libéralisme politique. Et ainsi distiller dans les esprits que tout projet politique « post-libéral » du point de vue économique serait suspect, forcément antidémocratique et autoritaire. 

Cette instrumentalisation politique est loin du sens que lui donne l’historien Pierre Rosanvallon, qui définit l’illibéralisme comme « la tentation de réduire la démocratie à une légitimation par les urnes des gouvernants, dénonçant les permanences bonapartistes de la pratique du pouvoir. Une tentation qui n’est pas étrangère à Emmanuel Macron.

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