LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 8 janvier 2018

" Charlie et la vie ", l'éditorial de Michel Guilloux dans l'Humanité de ce jour !


«  On est toujours au lendemain du 7 janvier. » Deux ans après le massacre qui a décimé Charlie Hebdo, Riss, son directeur de la rédaction, a accepté de parler à l’Humanité à cette occasion. Comme nt dire l’indicible ? Ses mots expriment une situation proprement impossible : faire vivre l’esprit satirique sous le verre blindé de la protection permanente ? Exercer « normalement » son métier, de journaliste, de dessinateur, quand ses conditions de travail et de vie sont on ne peut plus exceptionnelles ? Faire vivre un journal sans succomber aux injonctions politiques et paradoxales venant de toute part ? Ce sont là autant de questions qui se posent à l’équipe de survivants et à celles et ceux qui ont repris le flambeau.

Des voix se désolent d’un « Je suis Charlie » qui ne ferait plus descendre autant de monde dans la rue ces jours-ci qu’un 11 janvier 2015. Rappelons que l’expression naquit à l’occasion des tueries du lycée Columbine, aux États-Unis. Elle apporta son lot de réconfort et de solidarité aux proches des jeunes victimes d’alors. Il en va de même ici. On ne glosera pas sur le chiffre de 61% de nos compatriotes qui se reconnaissent encore dans ce slogan. Bornons nous à remarquer que de Charlie à aujourd’hui, en passant par les attentats du Bataclan ou l’assassinat du père Hamel, la réaction populaire a été d’une dignité exemplaire.


Ces considérations autour d’un slogan d’un moment ressemblent à des larmes de crocodile, qui n’ont rien de « Charlie » ; et à des propos de division répondant à des courants extrêmement minoritaires eux-mêmes propulsés par la scissiparité. Comme si défendre la laïcité et la République avait besoin de « radicalité » et d’une tonalité vindicative. Il est des postures qui se nourrissent les unes aux autres, bien au-delà de l’imposture, en autant de bombes à fragmentation idéologiques. Le retour à la vie, au quotidien, n’est pas l’une des formes de réponse les moins courageuses ni les moins efficaces face au terrorisme. En tout cas, comme réponse des citoyens, elle est, d’un point de vue politique, l’une des plus saines qui soit : la condition de la démocratie, à revivifier en permanence, comme d’une presse libre, à défendre et soutenir.

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