LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 22 décembre 2017

Histoire de l'urbanisme : "L'indigente plaidoirie de Monsieur Champion "


Le 18 décembre dernier Monsieur l’Adjoint au Maire chargé de l’aménagement et du patrimoine a tenté de se mettre dans la peau d’un historien pour, dans son pensum, évoquer « les cycles de l’urbanité de Romainville ». Ce qu’il y a d’objectif dans l’histoire, ce sont les faits, les dates. Et c’est cette objectivité du matériel historique que la méthode de l’historien doit garantir. C’est éviter les adjectifs, qui sont souvent le support de clichés. 

En un mot pour découvrir et transmettre la vérité intégrale sans l’altérer en rien, il faut à l’historien, à un rare degré, des qualités intellectuelles, morales et littéraires. Nous n’avons pas, pour notre part,  cette prétention. Nous tenons  seulement à témoigner à partir de faits avérés, que personne ne peut détenir à lui seul la « vérité ». Que l’histoire d’une ville, à toutes les époques, ne se résume pas à des condamnations péremptoires et à un jugement sans appel. C’est l’objet de ce papier.

Dans ce que Monsieur Champion nomme le « 3ème  cycle d’urbanisation de la ville », celui-ci nous parle de « l’urbanisme des grands ensembles, d’une piètre qualité architecturale…Il poursuit : « À Romainville de 1957 à 1975, soit en 18 ans, on passera de 0 à 5000 logements sociaux. L’histoire, ce sont des faits, avons-nous dit. Nous y voilà !

Voici ce qu’écrivait, ce même monsieur Champion, dans un article publié  dans le numéro de février 2012 du magazine d’informations municipales : SUR 4763 LOGEMENTS SOCIAUX L’OPH EN GÈRE 3450 ». 5000, en 1975, et 4763 en 2012 ????
Mais ce n’est pas tout. Après 1975, d’autres opérations immobilières ont vu le jour : les résidences des Oseraies, Husson-République, Elsa Triolet, La cité Jacques Duclos, Pablo Néruda, Paul Éluard, les logements en accession à la propriété aux Fontaines, Bd Barbusse, route de Montreuil, rue de la République, rue Jean Jaurès, rue de la Convention…Un bon milliers d’appartements. Nous sommes bien loin des chiffres énoncés par Monsieur Champion. Citons l’INSEE, et chacun jugera :

Résidences principales en 2014, selon le type de logement (social, intermédiaire accession) et la période d’achèvement :
Avant 1919 : 233 maisons et 183 appartements
De 1919 à 1945 : 776 maisons et 580 appartements
De 1946 à 1970 : 776 maisons  et 3448 appartements
De  1971 à 1990 : 409 maisons et 1761 appartements
De 1991 à 2005 : 288 maisons et 786 appartements
De 2005 à 2011 : 81 maisons et 476 appartements
Voilà pour les faits, qu’il était bon de rétablir. Ce n’est pourtant pas l’essentiel.

Dans son propos Monsieur Champion parle de « cités enclavées, sans adressage, QUI FAISAIENT PEUR » ! Quel mépris, quelle indécence ! Ce morceau d’histoire de notre ville devrait nous inciter à traiter avec objectivité et rigueur le parcours de ces femmes et de ces hommes, comme Gervaise Gallèpe, Pierre Kérautret, Gérard Machelart, Albert Giry, Georges Blache et André Léonet, qui dans les conditions de leur époque ont contribué à faire de notre ville ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Au lendemain de la libération, tout était à refaire. La tâche était immense. 

Ce qui marque cette période de l’après-guerre, c’est l’état dans lequel se trouvait l’habitat. Des maisons avaient été édifiées un peu partout. La plupart en matériaux légers, sans eau, sans gaz, sans électricité, sans assainissement. La première des obligations était donc de sortir ces milliers de familles de ces infâmes taudis. C’est grâce aux élu-e-s de cette époque que des milliers d’enfants, de jeunes, de femmes et d’hommes ont pu retrouver le « droit de vivre ». Il fallait voir la joie éclairant les visages de ces familles, quittant leur taudis, leurs baraques sans eau, sans sanitaire pour rejoindre leur « Palace ». C’EST ICI QUE L’HISTORIEN DOIT ÊTRE CAPABLE DE RETRANSCRIRE LE PLUS FIDÈLEMENT POSSIBLE L’HISTOIRE D’UNE ÉPOQUE SANS ÉMETTRE DE JUGEMENT OU LIRE LES FAITS AVEC LE FILTRE D’UN ESPRIT MODERNE : LES VALEURS D’AUJOURD’HUI NE SONT PLUS LES MÊMES QUE CELLES D’AUTREFOIS. 

Nous notons toutefois que monsieur Champion, si prompt à condamner les tours s’empresse, avec ses ami-e-s de la majorité municipale, de garder celles se situant à Cachin, comme à Gagarine, dans le cadre de la rénovation urbaine. Et d’en construire une autre de 11 étages, en bordure de l’autoroute. Mais que nous sommes bête !, ce n’est pas une tour, c’est « UN SIGNAL ». Il y aurait encore beaucoup à dire, sur le pensum du 18 décembre. Nous nous en tiendrons donc à quelques brèves remarques.
  • Nous nous félicitons que grâce à l’action déterminée des citoyens et des initiatives d’associations telles que l’ASVR, on en soit enfin arrivé à admettre comme indispensable la protection l du patrimoine architectural. Mais quel temps perdu !


  • ·   Nous ne savons pas ce que les historiens retiendront du 4ème cycle que monsieur Champion appelle « le tournant ». En tout état de cause, il restera celui des records en matière de modifications du Plan Local de L’Urbanisme. Il est celui d’une période où les promoteurs immobiliers ont imposé leur loi. Celui d’une cession sans précédent, de biens communaux à ces mêmes promoteurs, dans des conditions assez avantageuses, parfois, si l’on en croit le rapport produit par la cour des comptes récemment.



  • ·    Enfin, s’il est une leçon à tirer de ce 18 décembre, succédant à bien d’autres prestations du même acabit, c’est qu’il faut savoir, hier, comme aujourd’hui, faire preuve de modestie, d’humilité et de retenue. Il semble que ce soit beaucoup demander à Monsieur l’Adjoint au Maire, chargé de l’aménagement et du patrimoine.

Soyez le premier à commenter !

Enregistrer un commentaire


  ©Template Blogger Elegance by Dicas Blogger.

TOPO