LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 20 juillet 2017

" Tout repenser, de l'entrée au dessert ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !


À peine ouverts, les états généraux de l’alimentation dégagent déjà un petit goût amer. La séance inaugurale invite à table quelques 500 convives dont beaucoup craignent de rester sur leur faim face à des assises qui enserrent les enjeux alimentaires dans le problème de la « création de la valeur ». La course à la productivité et la guerre des prix, menée par des distributeurs sans scrupules font déjà de nombreuses victimes. Les agriculteurs sont poussés à la faillite, la terre est asphyxiée par des intrants chimiques, le climat étouffe sous le trop-plein d’engrais et la population s’abîme la santé. En France, où la culture de la table fait office de patrimoine, la malbouffe gagne du terrain. Les plats industriels, trop riches en sel, en sucre, en gras, envahissent les assiettes.

« La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent », assurait Brillat-Savarin dans la physiologie du goût. L’alimentation est au carrefour de multiples enjeux. Son rôle nourricier façonne le rapport à la terre et à la mer. Sa fonction économique dialogue avec la souveraineté alimentaire. Son usage culturel touche aux notions de plaisir, de convivialité, de vivre-ensemble. Pour qu’elle reste un puissant vecteur d’inclusion et d’identité, il faut tout repenser, de l’entrée au dessert.


Sans quoi, on peut déjà prédire la fin. Face au naufrage du productivisme, Emmanuel Macron va redire ce soir son intention d’accompagner la transformation du système productif. Mais pas pour tout le monde. La coexistence de deux modèles permettra de protéger les intérêts financiers de la poignée de multinationales qui, de la semence à l’assiette, ont fait main basse sur l’alimentation. À elles, le bénéfice d’une production de masse, uniformisée, insipide, à destination des familles modestes. À côté, la montée en charge d’une production vivrière de qualité à portée des porte-monnaie plus fournis. Alors, l’accès au bien-manger restera un privilège. Qu’il faudra abolir.

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