LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 31 juillet 2017

" Cynisme ", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité de ce jour !


L’histoire se répète, le mépris aussi. Une semaine après l’annonce du coup de rabot sur les APL, le décret signé par le gouvernement, le 20 juillet, détaillant les économies des différents ministères témoigne à nouveau de cette logique implacable visant les plus précaires. On découvre ainsi, de ligne en ligne, que la politique de la ville, essentielle pour financer les dispositifs d’accompagnement dans 1500 quartiers pauvres, sera amputée de 46,5 millions d’euros, soit 11% de son budget total. Un peu plus haut, 185 millions d’euros s’évaporent, comme si de rien n’était, des crédits alloués aux HLM, menaçant la construction de 12 000 logements PLAI, ceux aux loyers les plus bas…

On le voit, derrière l’arithmétique et l’aridité de ce décret, se dessine une désespérante vision de société où les populations les plus fragiles jouent désormais les variables d’ajustement. En ce sens, l’idéologie macronienne, loin du renouveau proclamé, est d’une triste banalité. Dans ce monde là, vu et revu, l’inégalité sociale n’est pas un combat à mener de front mais la quasi-vertu d’une organisation où chacun est le propre patron de son existence. Dans ce monde là, on croit encore à la fameuse théorie du « ruissellement », réfutée par le FMI lui-même, où l’enrichissement des plus fortunés retombe comme par magie sur les plus pauvres. Dans ce monde là, ôter cinq euros par mois à ceux qui n’ont presque rien, ou encore mettre en péril le travail associatif dans les territoires en difficulté, tient lieu de politique publique.


Douze ans après les révoltes urbaines de 2005, la saignée que les Diafoirus du gouvernement s’apprêtent à infliger aux millions d’habitants des quartiers populaires relève à la fois du cynisme et de la faute politique. Cynisme, car Emmanuel Macron sait que ces populations ne l’ont pas élu. Faute, car fragiliser encore ces territoires maltraités, c’est fragiliser toute la communauté nationale. « Le mépris est une pilule qu’on peut avaler mais qu’on ne peut pas mâcher », disait Molière. Et encore moins digérer.

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