LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 15 mars 2016

" Tous propriétaires ", une tromperie !


                         

Tous les gouvernements depuis 2002, relayés par nombre d’élus des collectivités locales, comme c’est le cas à Romainville se font les défenseurs du « tous propriétaires ». Un état des lieux. « En 2014, les aides de l’État pour la construction de logements sociaux (aides à la pierre) s’élevaient à peine à plus de 100 millions d’euros – soit 18 fois plus que le crédit d’impôt Pinel ! »

Quant à savoir à qui profite cet argent, si l’on en croit le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre, c’est la prime aux riches. On y apprend que l’accession à la propriété a baissé entre 2001 et 2006 pour les ménages dont les revenus sont inférieurs à 3 SMIC ( -16%) et qu’elle a augmenté moins pour ceux dont les revenus sont supérieurs entre 3 et 5 SMIC ( + 25%) que pour ceux dont les revenus sont supérieurs à 5 SMIC (+59% ). Si ce n’est aux plus modestes, à qui ont réellement bénéficié les aides de l’État ? Toutes ces aides profitent en premier lieu aux promoteurs immobiliers et aux banques dont l’activité est en quelque sorte subventionnée par toutes ces aides, puis aux propriétaires bailleurs et enfin à des locataires des classes moyennes voire supérieures.

Par exemple, un étudiant, enfant d’ouvriers qui, parce que les revenus de ses parents se situent légèrement  au-dessus des plafonds ou simplement parce que l’offre de logements étudiants est dans notre pays ridicule, ne peut pas bénéficier d’un logement CROUS. Il doit donc louer un appartement sur le marché privé, probablement très cher et petit, s’il est dans une grande ville. Prenons maintenant le cas d’un étudiant dont les parents sont cadres supérieurs. Ses parents peuvent acheter un appartement, le louer à leur enfant étudiant – qui touchera l’APL – et bénéficier de  la réduction d’impôt de la loi Pinel qui peut aller jusqu’à 63.000 euros. L’étudiant se retrouve dons dans un appartement dont le loyer est plafonné, dont il héritera et pour cela ses parents paient moins d’impôts grâce à cela ! On voit bien que cette logique progresser la justice et le droit au logement mais aggrave plutôt les inégalités !

 Un autre phénomène inquiétantpour dire qu’elle est alimentée par tous les dispositifs fiscaux soutenant l’accession à la propriété, il faut emprunter de plus en plus d’argent pour acheter un bien. Pour cette raison, on a vu la durée de remboursement augmenter de 15 ans, on est passé à 20, 25 ans, voire 30 ans. Être propriétaire dans ce cas ne veut rien dire de plus que d’être locataire de la banque ! De plus, si l’on n’est pas vigilant sur la qualité du bien que l’on achète, on peut se retrouver à devoir réaliser de coûteux travaux d’entretien et en définitive à ne pas réussir à revendre son bien, ou alors à perte.

Lors des crises immobilières majeures qu’ont connues les Etats-Unis, l’Irlande ou l’Espagne, les citoyens qui se sont fait expulser par leur banque de leur habitation parce qu’ils ne pouvaient plus rembourser, se sont bien rendu compte qui étaient les véritables propriétaires : Pas eux, mais les banques auprès desquelles ils étaient endettés. En France, nous connaissons un autre phénomène inquiétant : celui des propriétés dégradées. C’est le résultat de cette politique entêtée du « tous propriétaires ». Certaines grandes copropriétés sont composées de copropriétaires dont les revenus restent modestes et d’autres qui connaissent des difficultés, liées à la perte d’un emploi. Elles ne peuvent plus assurer les travaux pourtant indispensables. Ces copropriétés sont alors entraînées dans un cercle vicieux qui dégrade considérablement les conditions de vie des habitants.

Cette situation pourtant bien connue devrait faire réfléchir les collectivités locales qui s’engagent dans la construction de grandes copropriétés. C’est le cas dans notre ville avec l’opération dans le quartier Gagarine. Sincèrement est-ce tenir compte des expériences passées que de proposer la construction de plus de 400 logements en accession à la propriété ? Qu’en sera-t-il dans quelques années, ne risquons-nous pas de connaître la situation de certaines copropriétés qui se sont dégradées à une vitesse grand V ? Et que l’on ne vienne pas prétendre que l’on ne savait pas ?

L’idéologie du « tous propriétaires » est une bêtise. Il ne faut pas opposer location et accession à la propriété. Il est grand temps d’en finir avec l’idée, savamment entretenue dans notre ville, selon laquelle le logement social ne serait que celui des « pauvres », conduisant à des « ghettos ». Être locataire, c’est une façon moderne d’habiter, à condition d’avoir un loyer abordable. Elle offre plus de souplesse, de liberté, de mobilité. Il convient de progresser vers la construction d’un secteur locatif fort, indépendant des intérêts privés lucratifs et donc publics, dans lequel les locataires sont protégés par leurs droits et par une réelle gestion démocratique de leur habitat.


Le logement social devrait être l’avant-garde de ce modèle. C’est pourquoi de grands progrès doivent être faits dans la gestion des organismes. Plus de transparence dans les attributions. Plus de pouvoirs pour les élus des locataires qui doivent de rendre compte régulièrement du mandat qui leur a été confié. Le respect du droit au maintien dans les lieux. Quant à l’accession à la propriété, elle doit coexister avec le service locatif public, mais elle doit changer de modèle. La société doit se prémunir contre la promotion immobilière et les accédants doivent gagner des droits, être mieux accompagnés dans leur projet. Dans tous les cas, la clef c’est de faire reculer le marché pour enfin garantir le droit au logement et faire progresser la démocratie dans l’habitat.

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