LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

samedi 9 juin 2012

Rio 20 : Les ressources des océans vendues à la criée ?

Réchauffement climatique, pollution tellurique, surpêche et brevetage du vivant : les mers seront au menu du Rio + 20. La création d’un instrument juridique est mise en débat.

La mer sera elle aussi au menu du Rio + 20, qui démarre dans quinze jours au Brésil. L’actualité, en outre, nous pousse à nous repencher sur son cas. Car nous sommes le 8 juin, célébré comme la Journée mondiale des océans depuis que l’Assemblée générale des nations unies en a décidé ainsi, en 2009. C’est toutefois en 1992, lors du sommet de Rio (premier du nom), que l’idée fut d’abord évoquée, lequel leur consacrait tout un chapitre de l’Agenda 21 adopté à l’époque. Réchauffement des océans et pollution tellurique (en provenance des terres), déjà, étaient à l’ordre jour, de même que l’érosion des ressources halieutiques, indiquant des difficultés économiques et alimentaires majeures, notamment dans les pays du Sud minés par une surpêche destinée au Nord. Le problème, depuis, reste entier. La FAO estime que 25 % des stocks de poissons et de crustacés sont « plus ou moins gravement surexploités » depuis 1990 et s’inquiète d’un état des ressources marines préoccupant pour les économies locales. En 2010, le coordonnateur du programme Adaptation des politiques de pêche aux changements climatiques en Afrique de l’Ouest (Appeccao) estimait que six cent mille emplois étaient ainsi menacés rien qu’au Sénégal, sous l’effet combiné d’une exploitation industrielle outrancière et du réchauffement.

Ce n’est pas là l’unique préoccupation. La mise aux enchères, si l’on peut dire, des ressources génétiques marines est elle aussi source de tracas. En septembre 2010, une étude publiée conjointement par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et le Conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol (CSIC) mettait en évidence l’explosion du nombre de brevets déposés sur les organismes marins. Près de 5 000 titres de propriété avaient été apposés sur un gène marin associé à une application médicale, agronomique ou encore génétique. Leur rythme de croissance était estimé à 12 % par an. Le marché généré, lui, se profilait, titanesque. L’étude estimait à 150 millions de dollars par an celui occasionné par une enzyme intervenant dans la production de biocarburant. Elle chiffrait encore à 237 millions de dollars par an les gains issus du Zovirax, un médicament contre l’herpès produit à base d’une molécule, elle aussi tirée d’un organisme marin. Alors que l’on jauge à 2 millions le nombre de ces derniers, le taux de découverte de molécules dites d’intérêt pour l’industrie serait environ 500 fois supérieur à celui des espèces terrestres, rappelait le document, histoire de donner la mesure de la course aux profits dont faisaient l’objet les flots.

Rien, depuis, n’a été opéré qui permette de penser que le mouvement a ralenti. Si la conférence mondiale sur la diversité biologique de Nagoya, en 2010, a porté à 10 % la proportion des surfaces maritimes protégées (contre 1 % précédemment), plus de 65 % de la surface océanique échappent encore à toute législation. La règle du premier arrivé, premier servi continue de faire force de loi.

« L’une des mesures les plus significatives que pourrait avoir à prendre le Rio + 20 pourrait être un accord politique permettant l’ouverture de négociations d’un instrument juridique traitant spécifiquement de la protection de la biodiversité marine », relève l’Iddri (1), qui note, non sans pessimisme, que les discussions préparatoires « montrent des divergences profondes entre les États sur la nécessité d’un tel instrument ». Deuxième espace maritime mondial, la France aura sa part de responsabilités quant à la façon dont tourneront les choses.

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