LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 12 juin 2012


POLITIQUE
- le 11 Juin 2012

Gouvernement

Premier droit d’inventaire du gouvernement Ayrault

En un mois 
de présidence 
et de gouvernement, avec des mesures 
de l’ordre du symbole comme du concret, Hollande et Ayrault ont fait bouger 
les lignes et esquissé un espoir qu’il faudra désormais incarner durablement.

Le vrai disciple d’Obama, c’est lui. François Hollande a tout compris du président américain, sachant être à la fois cool et volontaire. Pour le côté cool, Hollande n’a pas eu à trop se forcer pour rendre de la simplicité à la fonction présidentielle, là où son prédécesseur, voulant lui aussi casser les codes, s’était rêvé un peu vite en Kennedy, quand il ne fut qu’un Nixon. Hollande, donc, a travaillé un mois durant ce mélange de président quémandant des « bisous » dans une maternelle et affichant une fermeté de langage à l’égard de l’Allemagne. Son gouvernement a été prié également de tenir les engagements pris durant la campagne et de produire les décrets attendus. Tant pour témoigner du changement que pour aider à constituer une majorité absolue lors des élections législatives, dont le premier tour s’est déroulé dimanche.

Les mesures symboliques promises durant la campagne ont donc toutes été prises, à commencer par celles qui ne coûtent rien au budget. Les traitements des ministres et du président ont donc été revus à la baisse, tous ont signé une charte de déontologie, les recalés du scrutin législatif perdront leur ministère. Et l’Élysée laisse même filtrer que la sécurité du président a été recadrée, après un excès de vitesse commis le 6 juin par les véhicules présidentiels sur le trajet Paris-Caen. Les tribunaux correctionnels pour mineurs vont disparaître, comme la circulaire Guéant sur l’accueil des étudiants étrangers et, bien sûr, la TVA sociale et la défiscalisation des heures supplémentaires.

De toutes ces petites choses, il ressort l’idée d’une simplicité bienvenue, dans ce qu’il faut bien appeler un nouveau storytelling, inhérent au régime présidentiel de la Ve République. François Hollande passera-t-il à la sixième ? Pour l’heure, les signaux sont minces.

L’hôte de l’Élysée a neutralisé quelque peu le défenseur d’uneVIe République au sein du PS en intégrant Arnaud Montebourg au gouvernement dans un ministère, celui du Redressement productif, où seuls les chiffres des emplois sauvegardés puis créés comptent : on mesure la difficulté. À l’international, il dit oui au bouclier antimissile de l’Otan, tient bon sur le calendrier de retrait des troupes d’Afghanistan, et brouille les pistes quant au pacte européen Sarkozy-Merkel. Renégocié, simplement amendé ? Il faudra bien au président élu sortir du flou les 28 et 29 juin, au cours du Conseil européen.

La confrontation avec les forces à l’œuvre tempère déjà le programme présidentiel. L’ambiguïté demeure sur l’avenir d’Hadopi, sur celui de la loi LRU. Pas de remise en cause du service minimum dans les transports et écoles. Sur les contrôles d’identité, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dilue déjà, face à la réaction des syndicats de policiers, et évoque « une phase de test ». Cécile Duflot devra attendre la grande loi sur le logement en 2013 pour faire vivre l’encadrement des loyers promis. D’ici là, à la rentrée, un décret devrait s’en tenir à limiter les hausses des loyers à la relocation, entérinant de facto la spéculation passée. Et, au passage, recadrage par Ayrault quant à une dépénalisation du cannabis, c’est niet.

À l’Éducation, la mère des priorités pour le gouvernement, Vincent Peillon, second dans l’ordre protocolaire, annonce le recrutement de 500 médiateurs chargés de la lutte contre les violences scolaires d’ici à la Toussaint ou Noël. Mais se prend les pieds dans le tapis des rythmes scolaires, oubliant qu’allonger le temps de travail des enseignants ne se décrète pas, lui. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a dû promettre une « concertation » avec enseignants et parents d’élèves sur la question des rythmes scolaires et de la semaine de cinq jours. Selon un « calendrier fixé par le président de la République », la loi d’orientation et de programmation sur l’éducation sera bien présentée à l’automne, mais après concertation. Cette refondation de l’école de la République reviendra sur de nombreuses réformes prises par la droite ces dernières années, et engagera 60 000 postes supplémentaires sur cinq ans.

Sur les retraites, là aussi le dispositif initial est écorné : de 150 000 envisagés au départ, les bénéficiaires d’un départ à soixante ans ne seraient plus que 110 000 à l’arrivée. L’extension du dispositif carrières longues à ceux qui ont commencé à travailler à dix-huit ou dix-neuf ans sera financée à parts égales : 0,1 point de cotisation pour l’employeur, idem pour le salarié. Sous la pression des syndicats, les congés maternité ou de service militaire seront comptabilisés ; pas, pour l’heure, les périodes de maladie ou de chômage. On mesure combien la négociation en juillet avec les acteurs sociaux au cours de la grande conférence sociale, qui entérinera ou pas le recul de deux ans de l’âge de départ selon la réforme Fillon, sera âpre. Et vaine, selon la CGT, si l’on ne dégage durablement des ressources nouvelles : élargissement de l’assiette de cotisation, mise à contribution des revenus financiers des entreprises, modulation des cotisations patronales selon la politique salariale et d’emploi de l’entreprise.

Le coup de pouce au Smic sera au cœur de la conférence de juillet. Inexistant ces cinq dernières années, il effectue son retour avec la gauche au pouvoir. Jean-Marc Ayrault se refuse à indiquer toute fourchette de hausse, au nom de « la concertation et du respect des partenaires ». Et des « réalités financières », ajoute-t-il, dans une énième variation autour du thème central de la campagne hollandienne, l’espoir mais pas trop, alors que, selon BVA, le moral des Français redécolle depuis trois semaines. Entre les réelles mesures prises (telles que la hausse de l’ARS et l’arrêt du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux) et les approximations, l’exécutif a conservé, selon les sondages effectués, une popularité forte. Sans être exceptionnelle.

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