LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

samedi 2 juin 2012

Paris colle encore au moule atlantiste

Retrait d’Afghanistan mais menace d’intervention militaire en Syrie et signature du 
lancement du bouclier antimissile européen, une politique étrangère qui reste sous influence.

Interpellé sur la nécessité d’une intervention militaire en Syrie, le président français a répondu que celle-ci n’était « pas exclue. ». « À condition, a-t-il précisé, qu’elle se fasse dans le respect du droit international, c’est-à-dire par une délibération du Conseil de sécurité. » Sur le dossier syrien, le nouveau gouvernement français avance ainsi, aussi ouvertement que son prédécesseur, l’option d’un recours à la force. Et cela en dépit des terribles enseignements de la guerre conduite par l’Otan en Libye, dont on mesure les effets géostratégiques calamiteux aujourd’hui. Ce pays est en proie à des rivalités tribales, ethniques et confessionnelles inextricables et toute la région du Sahel est toujours plus déstabilisée, comme l’illustre la ­partition du nord du Mali, sous la coupe de groupes islamistes armés. Une intervention guerrière du même type provoquerait plus ­sûrement encore l’éclatement de la fragile mosaïque syrienne.

La pression internationale contre le régime assassin de Bachar Al Assad est certes cruciale. Mais penser, comme le font Washington et certaines chancelleries occidentales, que l’on réglera un problème très complexe dans une région, elle-même explosive, par le manichéisme du recours à la force serait aussi contre-productif que désastreux pour la stabilité de tout le Moyen-Orient et donc sans doute la paix mondiale.

La position de François Hollande nourrit donc les plus fortes inquiétudes sur la volonté du nouveau pouvoir de sortir réellement des ornières de l’atlantisme. Le retrait anticipé des troupes françaises d’Afghanistan était bien un signe très encourageant d’une inflexion de la politique étrangère de Paris. Mais même lui est intervenu en même temps qu’un sommet de l’Alliance atlantique à Chicago où le locataire de l’Élysée a pris la lourde responsabilité de signer, avec les 27 autres membres de l’Otan, le lancement de la première étape de l’édification du bouclier antimissile européen. Selon une démarche qui va relancer la course aux armements, profiter aux groupes militaro-industriels des États-Unis, propriétaire de la technologie et va coûter très cher à des finances publiques européennes qui n’en ont pas franchement besoin.

Dans le même registre, l’intégration de la France dans le commandement intégré de l’Otan devrait être maintenue. Laurent Fabius, le nouveau ministre des Affaires étrangères le laisse clairement entendre moyennant, en échange, l’émergence d’une « Europe de la défense », aussi ­hypothétique que dangereuse. Car inscrite, elle aussi, dans une logique de bloc.

Bruno Odent

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