LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 5 décembre 2011

" La France s'est repliée sur une forme de fatalisme "




Sortir de Durban avec du concret est possible, estime André Chassaigne. Le député communiste invite la France à être plus offensive : ENTRETIEN.

Les négociations se frottent aux intérêts des Etats. Peut-on obtenir du concret à Durban ?
André Chassaigne : En faisant aboutir des mesures palpables, oui. N'en citons qu'une : la taxation sur les transports maritimes. Ce n'est pas inutile, quand ils comptent pour plus de 3% des émissions mondiales. Ce serait surtout un signal fort et un outil de lutte contre les délocalisations et le "commerce inutile". Il ya peu, s'est signé un accord de libre-échange entre l'Amérique du Nord et l'Asie. Ce type de chose, qui ouvre plein pot les frontières aux importations, est catastrophique. Tout l'enjeu est à l'inverse de relocaliser les productions agricoles ou industrielles. Nous avons besoin d'une riposte mondiale. La taxe sur les transports peut servir de levier.
Le fonds vert compte-t-il parmi ces mesures ?
André Chassaigne : Bien sûr. Non seulement on peut sortir de Durban avec un fonds vert structuré, mais il faudra aussi avoir avancé sur son financement. La piste d'une taxation sur les transactions financières est à suivre. Au delà, d'autres mesures innovantes peuvent être envisagées. L'idée d'une contribution - d'une taxe - sur les productions d'énergies fossiles est à étudier de près, par exemple. Etablir la gouvernance du fonds, enfin, est essentiel. Il faut résolument l'ouvrir à la société civile, aux ONG et syndicats. Il faut aussi que les pays en développement bénéficient d'un accès direct au fonds vert, sans en passer par la troïka (Banque mondiale-FMI-OMC)
La reconduite du protocole de Kyoto est -elle indissociable d'un accord ambitieux ?
André Chassaigne : La reconduction du protocole de Kyoto est indispensable, j'en suis convaincu. Sans cet instrument juridique, nous n'obtiendrons pas d'avancée. Cela dit, plutôt que rien, il faut au moins que Durban acte une période de transition vers un engagement fort qui ne dépasse pas cinq ans. Sans quoi, nous assisterons à un délitement des ambitions. Mais une chose est claire : le protocole ne fera pas tout. Sans une remise en cause des critères de rentabilité et de performance économiques, nous n'obtiendrons aucun changement radical.
Le protocole est un outil pour réduire les émissions. C'est aussi un instrument de mise en oeuvre des marchés. Peut-on avoir l'un sans l'autre ?
André Chassaigne : On peut mettre en oeuvre d'autres procédés, entre autres des mécanismes de coopération avec les pays du Sud. Leur demande en termes de droit à l'énergie, par exemple, est immense. Sans organisation mondiale, la réponse ne pourra être que chaotique et impliquer des énergies fossiles ou de l'atome mal maîtrisé. Notre groupe a déposé une proposition de résolution allant dans ce sens devant l'Assemblée.
Quel rôle peut et doit jouer la France ?
André Chassaigne : À Copenhague la France avait eu une position relativement offensive. Elle s'est depuis repliée sur une forme de fatalisme vis-à vis des Etats-Unis. Elle a totalement cessé de les interpeller. Et alors qu'elle devrait entraîner l'Union européenne à développer ses ambitions de réduction en coopération avec le G77 (*), elle n'agit plus que sur le chapitre de l'adaptation. Elle pourrait être à la pointe d'un arc mondial de lutte contre le changement climatique, s'appuyer sur les pays les moins avancés ou les petits Etats insulaires. Elle y a visiblement renoncé.
(*) Groupe des pays en développement et des grands pays émergents.

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