LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 26 avril 2011

Le piège

Le souvenir du 21 avril 2002 reste vif dans la mémoire de tous ceux qui l’ont vécu, c’est-à-dire la plupart des Français. Non seulement ceux qui étaient alors en âge de voter mais ceux qui, le soir même, se mobilisaient, dont les jeunes, pour, comme le disait notre titre dès le lendemain, «lui barrer la route». La possibilité de la réédition d’un tel scénario hante donc la politique française et il faut la regarder en face. Le problème n’est pas de l’occulter mais l’obligation de trouver les vraies réponses. De fait, les sondages concernant Mme Le Pen peuvent être agités jusqu’à faire comme si toute la vie politique française tournait autour du FN, ils n’en traduisent pas moins une réalité inquiétante, et cela d’autant plus que la montée des extrêmes droites, ou de ce que l’on appelle désormais, d’un terme passe-partout, les populismes, est d’actualité dans nombre de pays d’Europe, avec les mêmes thématiques. Immigration, indifférence des élites et des politiques au sort de leurs peuples, ravages d’une mondialisation génératrice de chômage et dépossédant les nations de leur pouvoir… À ces thématiques, les extrêmes droites apportent des réponses semblables. Xénophobie, repli, rejet de la réflexion politique au profit du vote des frustrations et de la colère.

Ces réponses sont les pires qui soient et elles sont illusoires et trompeuses. Car ce qui est en jeu, c’est la possibilité ou non de construire une Europe des peuples et du progrès social, de construire une alternative politique, véritablement de gauche, à l’Europe du capital, du dumping, de la concurrence entre les salariés, les pays, les régions. Il n’y a pas d’avenir dans le repli, la haine de l’autre, l’exaltation du sol, du sang, voire de l’identité nationale et des racines chrétiennes. Pas plus qu’il n’y a d’avenir dans l’Europe, que dessinent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, de gel des salaires, de privatisation des services publics, de soumission aux grands groupes.

De ce point de vue et en France, la reprise par l’UMP des thèmes du FN n’est pas seulement électoraliste. Elle tend également à détourner l’attention de ses choix politiques, au service du capital. La gauche, si elle veut vraiment changer le cours des choses, ne peut se laisser piéger. Candidat à la primaire socialiste, Manuel Valls, hier matin sur France Inter, était presque pathétique dans son rôle de chantre de l’ordre. C’est tout ce qu’un candidat socialiste aurait à proposer ? Ce n’est, dira-t-on, que Manuel Valls et c’est vrai. Mais c’est d’une certaine façon le signe du malaise de la gauche socialiste, et ce n’est certes pas l’attente de la primaire du PS qui peut tenir lieu de réponse politique à la droite, tandis que, l’idéologie ayant horreur du vide, ses thèmes occupent le terrain.

Le risque, le piège, il est là. La probabilité de la réédition d’un 21 avril sera d’autant plus forte que le débat politique dérivera dans ce sens et que les réponses proposées à gauche n’en changeront pas les termes. Sans attendre sa conférence nationale sur la candidature du Front de gauche, le PCF entend engager tout de suite le débat politique de l’élection présidentielle, avec la volonté que ce débat irrigue toute la gauche pour de réels changements. Il lance une campagne contre la vie chère et appelle à un meeting le 3 mai, contre «le pacte euro +» d’Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, pour une autre construction européenne. D’autres peuvent s’y mettre. La gauche en sera d autant plus forte.

Il n’y a pas à occulter l’hypothèse d’un 21avril bis, mais il faut apporter les vraies réponses.

Maurice Ulrich, l’Humanité

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