LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 27 janvier 2011

Romainville ne perd pas la mémoire. On la vend

Nous avons beaucoup apprécié, pourquoi ne pas le dire, l’atelier d’écriture de François LECORNEC. C’était il y a presque trente ans. Pour se détendre, il vient rendre visite à « Nicolas le jardinier ». Au-delà de la découverte de notre ville, franchir la porte de cette ferme du 54 rue de Paris et écouter « Raymond », parler de son père et de son « bistrot », de son jardin, de ses lapins et de ses poules, des « GAUVAIN », de ses émissions télévisées tournées près du château, c’est entrer de plein pied dans une des pages d’histoire qui contribue à mieux faire comprendre pourquoi le terme de village a « longtemps » caractérisé Romainville. Vous aurez sans doute remarqué que nous parlons au passé. Est-ce excessif ? Pas si sûr. Certes, tout n’est pas joué. Mais au fil du temps , le moment viendra où notre ville ne sera plus un village. Disant cela, nous entendons déjà, le réquisitoire de celles et ceux, qui par touches successives, s’acharnent à couper Romainville de ses racines et de sa mémoire : « Regardez ces passéistes, ces maniaques de « l’antiquaille » incapables de se tourner dans l’avenir, de saisir le neuf et d’envisager d’autres possibles ». Comme si ce sujet devait nécessairement opposer les « anciens » aux « modernes ». Nous n’oublions pas que l’histoire n’a de sens que lorsqu’elle permet de construire l’avenir. Mais nous n’oublions pas non plus que l’histoire est le cœur de nos vies. L’histoire de notre ville, c’est des trésors de générosité, de créativité, d’imagination, de désintéressement qu'il faut avoir garde d’oublier. En un mot une ville populaire. Romainville, c’est une âme, un style, une personnalité, de la vie et de la convivialité. Et cela se sent, se respire jusque dans la disposition des lieux, qui sont autant de repères familiers aux habitants et qui sécrètent obscurément du sentiment d’appartenance et non le rejet ou l’abandon. Pourquoi faudrait il rompre avec cette histoire ? Naturellement, la main sur le cœur, nos édiles vous jureront qu'il n’en est nullement question. Et pourtant. Les opérations privées fleurissent et les promoteurs immobiliers font la pluie et le beau temps. Et que l’on ne vienne pas soutenir que le caractère de notre cité ne s’en trouverait pas modifié. Avec les prix qui flambent, des habitants de notre ville accèdent à la propriété…mais ailleurs et toujours plus loin. Sans revenir sur la nécessité d’ouvrir la cité Marcel Cachin et sur la rénovation urbaine en cours, il est tout de même permis de s’interroger sur les réelles motivations qui ont conduit à la décision de« déconstruire » 423 logements. Nous avons une partie de la réponse dans les propos que tenait monsieur Champion, lors du vote du budget le 31 mars dernier. Tentant de justifier l’application du surloyer, voici la conception qui est la sienne de la « mixité sociale », nous le citons : « Faut il rappeler que grâce aux constructions sur la ville qui sont tant décriées - et pas seulement par une partie de la droite - à Romainville, la vraie mixité urbaine et sociale se met en place et a permis – d’ores et déjà – l’arrivée de 1500 nouveaux habitants dans la ville ». D’abord on ne voit pas pourquoi la droite critiquerait une politique, qui dans ce registre, lui va très bien. Ensuite, pour notre part, nous préférons parler de « diversité » plutôt que de « mixité sociale », tant cette formule est devenue un formidable outil de déplacement des populations les plus dominées. La richesse d’une ville comme la notre, c’est d’accueillir celles et ceux qui choisissent d’y résider et de rester chaleureuse et solidaire pour celles et ceux qui ont décidé de continuer à y vivre. Et voilà qu'on nous annonce, après la collecte des déchets ménagers par pneumatique, l’aménagement de la place des commerces avec le déplacement du marché à l’intérieur de la cité Marcel Cachin. N’est-ce pas son enterrement qui est ainsi programmé ? Mais au delà de ce nouveau projet que rien ne justifie, si ce n’est la mégalomanie et l’arrogance de ceux qui nous « gouvernent », n’est-ce pas ce lieu de rencontre, de convivialité qu'il faut « achever » ? Ce lieu où l'on fait connaissance, où l’on se parle, où l’on échange, pour retrouver confiance en sa force, en ses capacités quand le discours dominant prétend que seuls savent les « gens compétents » et qu'ils doivent parler et décider à votre place. Alors, agissons pour ne pas perdre ce lieu de mémoire.

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