LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

dimanche 21 novembre 2010

Karachigate : les déclarations de Sarkozy "sonnent comme un aveu"

Le président "reconnaît qu'il existe des documents intéressant l'instruction qui n'ont pas encore été transmis", selon la fille d'une des victimes. L'engagement du président Nicolas Sarkozy de remettre à la justice tous les documents relatifs à l'attentat "sonnent comme un aveu", selon Magali Drouet, fille d'un salarié de la Direction des constructions navales (DCN) décédé lors de l'attentat.
"En expliquant qu'il les donnerait "en temps et heure", il ignore cette séparation des pouvoirs qu'il nous opposait avant pour ne pas s'exprimer sur le dossier", ajoute la jeune femme. Mais "ce n'est pas à lui de décider", souligne-t-elle. "Nous exigeons qu'ils transmettent ces documents le plus vite possible".
Panique au sommet de l'Etat
Magali Drouet, qui a signé avec une autre fille de victime, Sandrine Leclerc, un livre intitulé "On nous appelle +les Karachi+", estime aussi qu'"on sent de la panique au plus haut niveau de l'Etat", après les déclarations de Dominique de Villepin se disant prêt à parler avec la justice.
"On sent de la panique au plus haut niveau de l'Etat et on ne peut que se réjouir que M. de Villepin sollicite une audition du juge", déclare la fille de Claude Drouet, chef d'équipe de la DCN, tué le 8 mai 2002 dans un attentat à Karachi . Selon Magali Drouet, "nos pères ne sont pas +morts pour la France+ mais +à cause de la France+", probablement parce que la France avait cessé de verser des commissions promises aux intermédiaires.
Le quotidien révèle en outre la disparition d'"environ 110.000 euros récoltés au lendemain du drame par l'association d'aide aux familles des victimes de l'attentat de Karachi " qui se sont "mystérieusement volatilisés".
Seulement 15.000 euros, sur un total de 123.000 euros de dons recueillis, ont été effectivement reversés aux familles des victimes, selon la même source.
Dominique de Villepin a renforcé vendredi les soupçons judiciaires de corruption pesant sur la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, suscitant une vive réaction de l'Elysée.
Ce dossier pourrait être lié à l'attentat-suicide qui tua en 2002 à Karachi (Pakistan) 15 personnes dont 11 Français qui travaillaient à la construction de sous-marins vendus par la France en 1994.
Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Elysée en 1995, a donné du crédit sur TF1 à la piste de la corruption et annoncé qu'il avait demandé à être entendu par le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke.
Pour la première fois, l'Elysée a réagi dans un long communiqué qui dénonce des "insinuations" et qualifie de "rumeur malveillante" la piste mettant en cause Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy fut un des principaux soutiens.
Dominique de Villepin, qui fut Premier ministre de 2005 à 2007 et qui est aujourd'hui un rival politique de Nicolas Sarkozy, a confirmé que Jacques Chirac avait demandé en 1995 de mettre fin aux "contrats qui pouvaient donner lieu à rétro-commissions".
Cela a été fait concernant les sous-marins du Pakistan car, a dit Dominique de Villepin, une enquête avait suscité de forts soupçons sur un retour frauduleux en France d'une partie des quelque 84 millions d'euros de commissions légales convenues.
"Il y avait des commissions qui revenaient vers la France vers des personnalités politiques ou non politiques qui, elles, étaient totalement illégales", a dit Dominique de Villepin.
Il n'a pas cité de noms. L'argent, selon une piste suivie par la justice, pourrait avoir servi à la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.
Un rapport de police luxembourgeois versé au dossier judiciaire montre que des structures ont été constituées au Luxembourg au moment du contrat pakistanais, avec l'aval de Nicolas Sarkozy en qualité de ministre du Budget et celui d'Edouard Balladur, Premier ministre.
Il s'agissait de payer les commissions au Pakistan, mais aussi, pensent les enquêteurs, d'organiser le retour illégal d'une partie des fonds en France.
Dans un communiqué, Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, a répondu à Dominique de Villepin, condamnant "ceux qui n'ont d'autre préoccupation que d'impliquer le chef de l'Etat, par une succession d'insinuations, dans une affaire qui ne le concerne en rien".
Le bras droit de Nicolas Sarkozy dénonce "des allégations calomnieuses, parfois présentées comme de prétendues certitudes,
portées contre la personne ou l'action de Nicolas Sarkozy et qui ne reposent cependant sur aucun commencement de preuve".
L'Elysée conteste toute entrave à l'enquête, assure que Nicolas Sarkozy n'a rien à voir avec les commissions du Pakistan ou le marché en question, et promet que les demandes de levée de secret-défense seront étudiées "au cas par cas".
L'affaire s'est enrichie d'une nouvelle déposition chez le juge Van Ruymbeke jeudi, qui a accrédité l'existence d'un lien avec l'attentat et ont débouché sur une nouvelle plainte des victimes.
Le nouveau témoin, Michel Mazens, un haut fonctionnaire chargé en 1995 de négocier les contrats d'armements, a confirmé au juge que Jacques Chirac avait bien fait cesser les paiements liés aux sous-marins pakistanais.
Michel Mazens dit aussi être allé voir un dirigeant de la branche commerciale de la DCN, Dominique Castellan, pour l'informer de la décision d'arrêt des paiements sur le Pakistan.
"Il a réagi en me disant que, pour lui, c'était compliqué, car c'était faire courir des risques à ses personnels", a dit Michel Mazens, selon le procès-verbal d'audition auquel Reuters a eu accès.
Me Olivier Morice, avocat des familles de victimes, dit voir dans cet élément le fait que l'Etat français savait pouvoir s'exposer à des représailles, ce que Dominique de Villepin a contesté sur TF1.
Une nouvelle plainte pour mise en danger d'autrui et homicides involontaires va donc être déposée et elle visera Dominique de Villepin, Jacques Chirac et les anciens dirigeants de la DCN, dit Me Morice.
Après l'affaire Clearstream, la guerre fratricide entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin se déplace sur le terrain du dossier Karachi, en écho à l'affrontement qui opposa jadis leurs mentors respectifs, Edouard Balladur et Jacques ChiraC.

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