LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

samedi 20 février 2010

Gérard Mordillat : "notre place est d'être aux côtés des sans papiers et nulle part ailleurs"

Romancier et cinéaste français, Gérard Mordillat réaffirme son soutien total aux travailleurs sans papiers et fustige un système qui vise à persécuter sans cesse les plus démunis.
Dans quel état d’esprit avez-vous signé cette pétition  ? Gérard mordillat. Il est évident qu’il y a une sorte de scandale permanent, d’hypocrisie monstrueuse vis-à-vis des travailleurs sans papiers. Ils sont d’abord des travailleurs et ensuite des sans-papiers du fait même des lois qui les ont transformés en hors-la-loi. Or ces gens qui travaillent ici et sont indispensables à l’économie et au bon fonctionnement de la société ne méritent pas d’être traités comme ils le sont, c’est-à-dire comme des parias. À la fois, on veut d’eux pour faire ce qu’ils font mais on ne veut surtout pas les voir ni reconnaître leur travail. Et en plus, la police a des ordres pour les traquer comme s’ils étaient des criminels. Il y a donc toutes les raisons du monde de signer cette pétition.
L’attaque permanente dont 
ils sont l’objet cristallise 
une régression des mentalités envers l’étranger, au sens large. Cette pétition n’est-elle pas un signal large pour proposer un rapport différent à l’autre  ?
Gérard Mordillat. Les travailleurs sans papiers incarnent aujourd’hui très précisément ce que l’on peut appeler la classe ouvrière. Ils sont dans une condition qui nous renvoie à la condition des ouvriers du début du XXe siècle. Éric Besson veut faire une sorte de carnet, comme il en existait avant, un carnet que les ouvriers devaient faire signer pour se déplacer. Nous sommes dans un mouvement incroyablement régressif, réactionnaire et, n’ayons pas peur des mots, néofasciste. Puisque s’ajoute à cela évidemment la dimension raciste et xénophobe qui s’exerce contre ces personnes qui sont toutes d’origine africaine, maghrébine, asiatique ou des pays de l’Est. Tout le monde sait que 80 % du Stade de France a été construit par des sans-papiers. La défense des donneurs d’ordres est toujours la même. Ils se défaussent sur les sous-traitants, qui eux-mêmes sous-traitent… Les donneurs d’ordres assurent avoir l’âme pure et les mains blanches, comme le dit Martin Bouygues. Pendant qu’on protège les riches industriels, on désigne des boucs émissaires et on condamne toute forme de contestation.
Vous réaffirmez également la légitimité du droit de grève…
Gérard Mordillat. Oui, car ce droit est contesté pour les sans-papiers, mais aussi pour des employés français. On constate une judiciarisation d’un certain nombre d’affaires, avec des entreprises qui n’hésitent pas à utiliser des milices privées. J’ai un sentiment d’une horrible régression.
Vous vous engagez 
à les protéger. Physiquement s’il le faut  ?
Gérard Mordillat. Évidemment  ! C’est la moindre des choses. Nous étions avec eux samedi à manifester dans le froid. Si on se fait une certaine idée de ce qu’est la République, notre place et là et nulle part ailleurs.
Entretien réalisé par Ixchel Delaporte

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