LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

samedi 2 janvier 2010

Plan climat au conseil général : les inégalités sociales et environnementales vont de pair !

Le conseil général a présenté son plan climat, lancé lors de la mandature précédente sous la houlette de son Président communiste d'alors et de Josiane BERNARD, vice-présidente (PCF) en charge de l'environnement et de l'écologie urbaine.
Nous publions ici l'intervention d'Hervé BRAMY- quelques jours après son retour de Copenhague- lors de la séance du conseil général de Seine-Saint-Denis du 17 décembre 2009 consacrée à ce plan climat-territoire.
« Le rapport qui nous est présenté aujourd’hui - et qui engage notre collectivité dans une démarche d’élaboration d’un Plan climat pour tout notre territoire - est déterminant.
30 décembre 2009
En effet, l’attachement de nos concitoyens à la planète, à leur qualité de vie urbaine et environnementale sont une de leur première priorité.Depuis plusieurs décennies notre collectivité territoriale a travaillé avec ambition à la traduire en actes concrets si bien que des experts de renom en France, des institutions européennes et internationales ont tenu à souligner notre exemplarité notamment le caractère populaire et citoyen de nos initiatives qui ont pris toute leur vigueur avec la biennale de l’environnement. Je pense notamment à l’obtention du label européen Natura 2000 ou encore à la convention qui nous lie avec l’une des instances de l’ONU, le PNUE.
Je souligne d’entrée de jeu cet aspect parce qu’il démontre que la volonté des hommes et des femmes, les choix politiques de notre assemblée sur la durée, la compétence, la créativité des agents du service départemental, leurs motivations alliées à celles des citoyens ont montré que l’on peut modifier l’état de chose existant. Nous avons réussi à préserver nos ressources naturelles et même mieux, à faire renaître l’état de nature, développer une riche biodiversité florale et faunistique. Non il n’est pas dit dès lors que la volonté citoyenne et politique s’exprime à sa juste dimension que la dégradation de la planète soit inscrite de façon immuable.
Nous prenons, pour ce qui nous concerne, très au sérieux les constats, analyses et préconisations du GIEC. Je ne reviens pas sur les dangers potentiels qui pourraient marquer l’avenir de la planète et surtout la vie de millions d’êtres humains quand on évoque la création d’une nouvelle catégorie de population : les réfugiés climatiques.
Sans verser dans le catastrophisme il y a urgence à agir du local au global si l’on ne veut pas subir le chaos à l’échelle planétaire.
C’est pourquoi je veux souligner l’important travail réalisé sous l’impulsion persévérante de notre vice-présidente Josie Bernard depuis 2004, ainsi que l’investissement constant des agents de notre collectivité que je veux à mon tour remercier. De notre point de vue, la démarche climat doit prendre son plein essor indépendamment de tout autre enjeu car il y a urgence à agir compte tenu de l’importance des défis climatiques à relever. Toutefois nous la concevons en lien étroit avec les objectifs de l’agenda 21. Ceci est d’autant plus nécessaire que les singularités sociales économiques, écologiques et financières de notre département constituent à son échelle un territoire de contradictions avérées. La présence de riches sièges sociaux d’entreprises et de multinationales côtoient des populations en grande difficulté sociale et environnementale malgré tous les efforts que nous produisons.
Inégalités sociales et environnementales vont de pair !
Je voudrais donc rapidement dire quels sont les grands principes politiques qui guident notre engagement dans la démarche Climat. Comme l’a dit Josie Bernard, ici plus qu’ailleurs en région parisienne, nous devons lier de façon indéfectible la lutte contre les inégalités sociales et les inégalités environnementales. C’est un enjeu en soi, un enjeu à part entière sur lequel nous devons approfondir nos objectifs et nos actions comme nous le précisons en matière de logement par exemple. J’y reviendrais dans le volet financier.
Le slogan « Justice climatique - Justice sociale » a été un de ceux les plus clamés à Copenhague lors de la manifestation internationale du samedi 12 décembre dernier à laquelle je participais. Une autre exigence a largement traversé l’énorme vague humaine et citoyenne de Copenhague demandant de « changer le système pas le Climat ». Ils ont raison de clamer haut et fort cette aspiration car pour ce qui nous concerne nous considérons que le capitalisme n’est pas écolo-compatible.
Comme vous l’avez dit M. le Président il faut inventer un nouveau mode de développement, de production et de consommation mais il faut immédiatement ajouter : tout en assurant la justice sociale, le progrès social, la liberté de choix des citoyens et des salariés par l’émergence de nouveaux pouvoirs d’intervention. Cet engagement si nous voulons le partager alors oui ; il faut oser dire les choses : c’est le productivisme en général et le productivisme capitaliste en particulier, qui sont responsables de la crise écologique, sociale et financière que nous connaissons actuellement. C’est ce que nous dit le GIEC lorsqu’il considère que la situation dégradée de la planète est due à l’activité humaine. Donc il faut en tirer les conséquences, le profit pour les actionnaires ne peut rester la ligne de mire du développement de nos sociétés. Non, c’est le développement social humain solidaire et démocratique qui doit devenir notre visée. De ce fait il faut avoir le courage de sortir du marché l’eau, l’air, la terre, l’énergie - et les considérer comme biens public et biens communs de l’humanité-.
Dans le même temps, nous devons réaffirmer l’existence de droits sociaux réels à tous les êtres humains. Je pense notamment au droit pour tous à l’énergie, dans le cadre du service public, ce qui – comme nous venons de le dire - est aujourd’hui loin d’être acquis. Cependant, il est possible d’agir : c’est ce que les parlementaires communistes portent aujourd’hui à l’Assemblée Nationale et au Sénat, avec une proposition de loi pour un droit à l’eau qui ne soit pas curatif mais préventif, notamment pour celles et ceux qui sont les plus en difficulté sociale.
Ils ont sauvé les banques, sauvons la planète !
Enfin, il ne faut pas ignorer ou faire semblant d’ignorer que pour atteindre 80 à 90 % de réduction du Gaz à Effet de Serre (GES) en 2050 cela va demander une énorme mobilisation financière pour adapter nos systèmes de production et consommation, ici et partout dans le monde. Personne ou trop peu de personnes évoquent l’enjeu financier pour nos pays développés et industrialisés qui figurent parmi les plus pollueurs. On évalue à plus de 10.000 Mds de dollars la mobilisation financière nécessaire pour adapter notre propre système de production et de consommation pour l’isolation thermique et énergétique du logement ou pour nos transports par exemple.
Par ailleurs, à Copenhague rien n’a été réglé pour l’aide au pays en développement (PED) et aux pays les plus pauvres évaluée à 100 Md€ par l’ONU par an pour 2020. Non seulement, il nous faut régler notre dette climatique historique à l’égard des PED par le versement d’une aide directe fixée à 30 Md€ d’euros par an pour l’Europe. Il nous faut également faciliter les transferts de technologies et favoriser l’accessibilité aux brevets pour leur permettre d’adapter leur développement avec l’accès au progrès social auquel ils ont droit.
Qui va payer la facture ? Le consommateur, le contribuable, les collectivités territoriales, l’Etat ? Certes les banques ont été renflouées avec l’aide financière des états. Il est donc possible de trouver beaucoup d’argent rapidement. Toutefois on doute de la volonté de la France car au moment où la même mobilisation financière serait nécessaire pour sauver le climat, le président de la République poursuit son acharnement contre la dépense publique et envisage une conférence nationale sur le déficit public. Ce qui en dit long sur ses intentions.
Dans les pays riches frappés par la crise financière les promoteurs du système capitaliste ont sauvé les banques. En personnes responsables il nous reviendra de sauver la planète et le climat car il faudra bien les aider à trouver l’argent. Nous considérons que la taxe carbone n’est pas le bon chemin à emprunter. Nous ne sommes d’ailleurs par les seuls. Taxer enfin le capital à sa juste dimension nous apparaît plus efficace. C’est dans cette perspective que nous proposons d’agir en développant les luttes et les rassemblements afin que soit cette fois-ci décidé une taxation des transactions financières et la réduction des dépenses militaires de 10% par an. Plus que jamais la démocratie et l’intervention citoyenne doivent prendre un nouvel élan pour sauver l’humanité. »

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