LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 22 juin 2009

Sarkozy plastronne à Versailles...

On l'imaginerait presque entrer à petits pas dans la salle aux dorures, ses talonnettes claquant sur les dalles de marbre comme le roi Charles V et trois fois font huit et huit font seize dans le Roi et l'Oiseau, le film de Paul Grimault et Jacques Prévert.
Il y a quelque chose de ridicule dans l'exercice, comme une parodie monarchique. Mais il s'agit sur le fond, d'un très mauvais message adressé à la démocratie.
Le chef de l’État veut capitaliser la fragile "victoire" en trompe l'œil de son camp aux européennes en fixant, aujourd’hui devant le Congrès, un nouveau cap aux « réformes. »

« Il va tracer de nouveaux horizons » pour la France, explique- t’on à l’Élysée. Nicolas Sarkozy va inaugurer une pratique institutionnelle inédite en s’exprimant, cet après-midi, devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles.
Un discours d’une heure environ que la représentation nationale devra se contenter d’écouter, sans droit de réponse. La révision constitutionnelle de juillet dernier, voulue par le chef de l’État, l’autorise, au mépris de la séparation des pouvoirs inscrite ans les textes, à délivrer un message à mi-chemin entre le discours sur l’état de l’union du Congrès américain et celui e politique générale réservé en France au premier ministre.

Démantèlement du modèle social

Pendant que Jack Lang « conjure » ses amis socialistes d’aller écouter la bonne parole présidentielle (ce qu’ils feront sans prendre part au débat qui suivra, en l’absence du président de la République), Verts et communistes ont tranché : « C’est un simulacre de démocratie, car il n’y aura ni vote ni débat », s’insurge le député PCF Roland Muzeau, dont le groupe, comme celui des Verts, a refusé de se rendre à Versailles.

Ayant mobilisé à peine 10 % du corps électoral en faveur de ses listes aux européennes, l’UMP sait que sa victoire est plus fragile qu’il n’y paraît. Nicolas Sarkozy ne veut pourtant pas laisser échapper l’avantage obtenu par son camp.
Le faste et la solennité de la réunion au château de Versailles viendraient donc « consacrer le succès » de l’étape électorale et surtout donner une caution à la suite des réformes envisagées par la droite pour l’acte II du quinquennat. Car, précise-t-on dans l’entourage présidentiel, le chef de l’État devrait également exposer sa vision d’un modèle de société pour l’après-crise.
Nicolas Sarkozy pense donc le moment venu de passer à la phase 2 de son offensive contre le modèle social français.

Et l’on touche ici au cœur du problème. La droite, pour pousser plus avant ses réformes d’essence libérale, doit résoudre une équation complexe : d’un côté, vanter le modèle social français, son solide système de protection sociale, un service public structuré, aujourd’hui unanimement reconnu comme l’antidote le plus efficace à la crise, et, en même temps, poursuivre le démantèlement de ce système.
« Ce modèle qui, aujourd’hui, en pleine période de crise, joue le rôle d’amortisseur et évite ainsi de voir des hommes, des femmes, des enfants dans la rue pour renverser le gouvernement », résume le député chiraquien François Baroin.
Dans ce contexte, pour être audible, le discours de la droite qui préconise, entre autres, la destruction de près de 70000 postes dans la fonction publique en deux ans, le maintien du bouclier fiscal pour les plus fortunés, le refus catégorique, pour la troisième année consécutive, d’un coup de pouce au SMIC, doit s’inscrire dans « l’après-crise ».

Tant ses mesures apparaissent à rebours des préoccupations des Français, lesquels, selon un sondage de l’IFOP pour le Journal du dimanche, évoquent au premier rang de leurs attentes, lors de ce discours de Versailles, l’emploi (60 %) et le pouvoir d’achat (43 %), loin devant la sécurité (12 %) ou la réforme des collectivités locales (9 %), thèmes de prédilection du pouvoir, avec le recul de l’âge de la retraite et de nouvelles « réformes » de la Sécurité sociale.

700 000 chômeurs de plus d’ici à la fin 2009

Mais le passage en force peut s’avérer périlleux. Les réflexes populistes et les mensonges de Nicolas Sarkozy vont se heurter encore plus violemment aux faits : 700 000 salariés viendront grossir les rangs du chômage d’ici à la fin 2009, portant le taux en France au-delà des 10 %, pendant que plus de 600000 jeunes vont arriver sur le marché du travail à la rentrée.
S’y ajoute une explosion de la dette et des déficits publics, que la droite va tenter d’expliquer par les abus des assurés sociaux, pour masquer les milliards d’euros destinés à sauver le système bancaire et ceux convertis en allègements des cotisations patronales.

Instrumentaliser le vote écologique

Champion du greenwashing, J.L. Borloo, lave plus vert et prétend être pour beaucoup dans la percée électorale des Verts. Mm Morano, la secrétaire d'Etat à la Famille, lançait un site, il y a peu, pour apprendre aux familles modestes à ne pas consommer trop et n'importe comment avec l'argent qu’elles n’ont pas. Sarkozy va annoncer des nouvelles taxes "climat-énergie", ripolinées en vert pour l'occasion, et à la charge non des entreprises, mais des consommateurs. Derrière les trémolos de Sarkozy et, sans que Cohn -Bendit et les verts y retrouvent à redire, la privatisation de l'énergie se poursuit, tout comme celle du ferroviaire pour satisfaire les appétits du privé qui n'en ont rien à faire de l'état écologique de la Planète...

Derrière les mots que prononcera cet après-midi Nicolas Sarkozy, se dissimule l’objectif jamais abandonné par l’hôte de l’Élysée en dépit d’une crise qui a profondément ébranlé le système capitaliste : troquer à terme le modèle social français contre celui, trop difficile à assumer aujourd’hui ouvertement, qui organise le monde anglo-saxon.

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