LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 23 juin 2009

La comédie de la victoire

Le message des urnes du 7 juin est loin d’être décrypté.
Comment interpréter la poussée des écologistes inversement proportionnelle à la décrue socialiste ? Quel sens donner à cette nouvelle progression de l’abstention, qui révèle l’aiguisement de la crise de légitimité des politiques européennes ? Autant de questions auxquelles les partis politiques vont tenter de répondre chacun selon sa grille de lecture.
Mais d’abord, la droite est-elle fondée à se vanter d’un succès électoral et à parler, comme François Fillon, de « reconnaissance des Français à l’action du président de la République », quand 28 % (sur 43 % du corps électoral) votent pour les listes UMP aux élections européennes ? Eh bien elle a osé.
Sans pudeur ni prudence, la majorité sarkozyenne nous joue la comedie de la victoire, nargue le peuple sur l’air des lampions : « On a gagné ! On a gagné ! »

Or, quand Nicolas Sarkozy crie victoire, le monde du travail peut craindre le pire. Le président voulait une campagne courte, une sorte de blitzkrieg de propagande, ne laissant pas la place au débat sur l’Europe. Aujourd’hui, il se trouve des observateurs patentés pour affirmer doctement, citant l’UMP, que les listes qui ont parlé d’Europe ont été récompensées par les électeurs… De qui parlent-ils donc ? La droite gouvernementale a occupé le terrain médiatique sur le thème de l’insécurité provoquée par les enfants des écoles et réduit l’enjeu du scrutin à un plébiscite pour le locataire de l’Élysée.
Résultat : 28 %. M. de La Palice ne démentirait pas : tous les électeurs qui ont voté pour les autres listes et tous ceux qui se sont abstenus n’ont pas voulu voter UMP ni soutenir le président.
Avant les élections, les communistes avaient alerté sur le risque que ferait courir une avance de l’UMP sur les autres listes. À coup sûr, Nicolas Sarkozy en tirerait argument pour poursuivre la contre-réforme sociale qu’il a engagée depuis son élection, en 2007. Mais il faut manquer sérieusement de hauteur de vue pour s’inventer une consécration dans un scrutin déserté par six citoyens sur dix, dans ce que chacun devrait reconnaître comme une défaite de la démocratie. Pour la droite à la vue basse, tout fait ventre. L’opinion publique est-elle obligée de se laisser abuser par pareille imposture?
Au lendemain des élections européennes, alors que des éditorialistes faisaient de Daniel Cohn-Bendit le grand maître du jeu politique, comme ils l’avaient fait, avec la même fougue, de François Bayrou quelques semaines auparavant, et comme ils avaient nommé, encore un peu plus tôt, Olivier Besancenot « principal adversaire de Nicolas Sarkozy », à l’Assemblée nationale, la droite votait l’assouplissement du « prêt de main-d’œuvre » entre entreprises, qui permet de louer des hommes comme on loue un outil.
Pendant que le pouvoir tente d’amuser la galerie, que les forces politico-médiatiques font et défont les rois, comme la fève dans la galette, la plus terrible hécatombe d’emplois industriels laisse sur le carreau deux mille hommes et femmes chaque jour. Les employés de Pôle emploi sont submergés par la foule des victimes d’un capitalisme prédateur. Après les intérimaires et les CDD, les CDI sont durement frappés.

La crise elle-même est instrumentalisée pour pousser les feux de la précarisation. Chez Osram, on licencie pour refus de baisse de salaire, dans une papeterie de Malaucène, un groupe américain scelle le destin de 220 familles ouvrières…
Scènes quotidiennes de la destruction des emplois industriels, hommes et femmes sacrifiés sur l’autel de la prospérité des actionnaires…
La vie n’est pas devenue meilleure depuis que Nicolas Sarkozy s’est couvert le visage du masque du vainqueur.
Le monde du travail ne doit pas baisser la garde mais, au contraire, démonter l’imposture

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